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DCNS, l'atout

technique

Le champion français du naval militaire,

issu des arsenaux créées par Richelieu en 1624,

a traversé quasiment 400 ans d’histoire. 

Le savoir-faire technique du groupe,

mais aussi le soutien de l'Etat, 

expliquent largement cette longévité.

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Mellerio

Kronembourg

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  En dépit de ce changement de statut, DCNS a conservé ses caractéristiques d’origine. Historiquement « première organisation industrielle » d’importance, elle a toujours été une « énorme machine industrielle et logistique », qui a su intégrer une multitude de métiers et de techniques. Les conditions de « construction, d’armement, d’entretien, de ravitaillement et de stationnement des bâtiments de guerre n’ont pas fondamentalement changé », assure Emmanuel Desclèves.


  DCNS, qui a enregistré de lourdes pertes en 2014, traverse actuellement une passe délicate. En octobre, il a annoncé la suppression de 2.000 postes (sans licenciements) entre 2016 et 2018 sur un effectif de 13.200 salariés, dans le cadre de son plan de redressement. Le groupe prévoit néanmoins un retour à l’équilibre cette année et espère encore décrocher des mégacontrats ­– notamment avec l’Australie et l’Arabie saoudite –, qui pourraient lui permettre de sortir de l’ornière.


Florence Renard-Gourdon                                                                                                                                                                                                      ​Photos : AFP

  L’Etat a joué un rôle essentiel dans l’histoire de DCNS. Sans son soutien, les arsenaux auraient pu disparaître à plusieurs reprises. Notamment sous le règne de Napoléon. Quand il prend le pouvoir, en 1799, ils sont dans un triste état, notamment ceux de Brest et de Toulon. Mais, malgré un état de guerre permanent, qui entrave les travaux de réparation, et des crédits limités, Napoléon ne cessera jamais d’œuvrer à la réparation des arsenaux et d'affirmer la nécessité de disposer de 100 vaisseaux. Et il y arrive puisqu’en 1814, les ports et arsenaux comptaient 104 vaisseaux, à flot ou en chantier.


  Deux cents ans plus tard, changement d’époque oblige, l’entreprise est contrainte de s’affranchir de la tutelle de l’Etat pour affronter l’ouverture à la concurrence et partir à la quête des marchés internationaux. Son statut public est alors de moins en moins adapté à son activité industrielle. Sa transformation en société de droit privé à capitaux publics est effective en 2003. La DCN devient DCNS. Une étape supplémentaire est franchie en 2007 avec l’entrée à son capital de Thales. Aujourd’hui, l’Etat détient 64% du capital, les collaborateurs 2% et Thales le solde.

  L’ensemble du personnel est concerné, ce qui crée une culture d’entreprise particulièrement forte. Les employés sont aussi fiers du passé de leur entreprise et ont « la passion du métier », qui peut encore être exercé de père en fils, assure Emmanuel Desclèves. La formation et la qualification ont toujours été prioritaires. Il y avait, autrefois, des « écoles de maistrance », qui ouvraient de vraies perspectives d’ascension sociale. A leur création, les arsenaux étaient gérés par des maîtres constructeurs (1765), puis par des ingénieurs constructeurs et des ingénieurs du génie maritime (1795), raconte-t-il. Il y avait aussi les agents de maîtrise pour l’exécution technique des ouvrages et les ouvriers spécialisés sur des tâches précises. Aujourd’hui, le statut des personnels a changé mais les grands principes ont été conservés.

  Et en corolaire l’« obsession de se prémunir contre les risques, l’inattendu », explique Alain Bloch, professeur à HEC et auteur avec Isabelle Lamothe d’un livre intitulé « L’éternité en héritage : enquête sur les secrets de la résilience des organisations ». « La fiabilité est pour DCNS une seconde nature. On ne construit pas des sous-marins nucléaires sans être obnubilé par l’accident », fait-il observer. « La notion de sécurité est intrinsèque à l’entreprise. On est obligé de faire des navires dans lesquels nos clients ont une totale confiance », renchérit Emmanuel Desclèves.

  Le cœur de métier de DCNS, c’est le naval de défense. Si le groupe conçoit des navires, il doit aussi maîtriser de nombreux métiers qui vont de la conception à la construction et à la maintenance de navires et de sous-marins militaires. C’est ainsi que DCNS joue un rôle crucial dans la politique de dissuasion nucléaire de la France avec la création des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (« Le Triomphant », « Le Téméraire », « Le Vigilant », « Le Terrible »), de porte-avions (« Le Foch », « Le Charles-de-Gaulle », etc.), de frégates furtives (« Forbin », « Chevalier Paul », « Aquitaine », etc.). Ces programmes complexes nécessitent des « investissements très lourds qu’il faut amortir sur le long terme ». Ce qui implique que, chez DCNS, il y a « une obsession de l’excellence », poursuit Emmanuel Desclèves.

  Dans moins d’une décennie, DCNS fêtera ses 400 ans. Une longévité exceptionnelle pour cette entreprise, issue des arsenaux créés par Richelieu en 1624, afin de rivaliser avec la puissance maritime de la Grande-Bretagne. Et qui s’est hissée au rang de champion français du naval militaire. Il faut dire que DCNS, aujourd’hui dirigé par Hervé Guillou, a quelques atouts dans sa manche. A commencer par son savoir-faire technologique. Il y a chez DCNS « une très forte culture technique », explique l’amiral Emmanuel Desclèves, conseiller marine du président. Dans le nucléaire, par exemple, « très peu d’entreprises dans le monde sont capables de construire des bâtiments de guerre de ce niveau de performance », note-t-il.

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« Le Redoutable », premier sous-marin nucléaire français lanceur d'engins,

avant son lancement à Chebourg le 29 mars 1967.

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Le « Charles de Gaulle » amarré à Brest en janvier 1999.

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Le « Redoutable », lors de son arrivée le 4 juillet 2000 au port

de Cherbourg, où il doit prendre place définitivement au sein

de la future Cité de la Mer.

Des matelots devant le porte-avions français à propulsion nucléaire « Charles de Gaulle » dans l’arsenal de Toulon, en juillet 1997.

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En octobre 2014, à Cherbourg, durant la construction du sous-marin nucléaire « SNA Barracuda ».

Saint-Gobain

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« DCNS

a toujours été une énorme machine industrielle

et logistique »

Il y a chez DCNS l’« obsession

de se prémunir contre

les risques, l’inattendu »